Il existe de multiples méthodes d’apprentissage de la musique -et des musiques-. Le choix est fonction des professeurs et des élèves, et dépend des désirs et de la ‘conformation’ cérébrale:
La musique est faite de sons, de rythmes, de couleurs, d’émotions, d’intelligence, d’images, de variations infinies et de combinaisons entre ces différents facteurs. Elle est multidimensionnelle. On peut l’aborder par une ou plusieurs de ces facettes, et pour un cerveau lésé ou un membre non fonctionnel, on peut l’aborder par les parties ou fonctions moins lésées ou encore intactes pour petit à petit rétablir des connexions -par quelque voie que ce soit-.
Un cerveau humain compte environ 100 milliards de neurones, connectés les uns aux autres. Vous voyez là le lobe gauche, mais le lobe droit est similaire est ces deux lobes sont reliés entre eux par des millions de neurones (le corps calleux)
1- Méthode analytique
Il s’agit de la plus classique des méthodes, idéale pour les personnes… analytiques.
Comme vous pouvez l’imaginer sur le schéma du cerveau ci-dessus, presque toutes les aires du cerveau contribuent à la performance du jeu d’une simple pièce musicale: l’image de la partition est recueillie par la rétine, expédiée dans l’aire visuelle, analysée dans l’aire adjacente, cette information est transmise dans l’aire d’analyse motrice, puis dans l’aire motrice pour mouvoir les doigts, les poignets et les bras… ces mouvements sont contrôlés par le toucher -perçu dans les aires sensitives- et l’analyse du toucher entre en interaction constante avec les aires motrices. Le son émis est recueilli par l’oreille, transmis dans les aires auditives, analysé…
L’apprentissage de la musique est basé sur la répétition de tout ce cycle jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant. Cet apprentissage induit des nouvelles connexions entre les neurones de ces différentes aires, et une fois que le résultat est satisfaisant sur le plan technique, mécanique, interviennent les connexions complexes et infiniment variées de l’interprétation (émotions, perceptions du langage musical, souvenirs de toute sorte, créativité, reproduction et/ou nouvelle construction…).
Une ou plusieurs aires peuvent être touchées par une lésion cérébrale. Les aires non ou moins touchées peuvent être le point de départ d’un apprentissage ou d’un ré-apprentissage d’un cycle, et de nouvelles connexions peuvent se former à partir des reliquats du cycle avec les neurones encore disponibles: la plasticité cérébrale n’est pas le propre de l’enfant.
2- Méthode ‘Sons et Couleurs’
Cette méthode, mise au point par Christine OBER En Bourgogne-Franche-Comté, à Saint-Claude (Jura) et maintenant à Digoin s’adresse à des personnes que le solfège pourrait rebuter: elle fait participer les mêmes aires cérébrales, mais de façon différente.
3- Méthode ‘Sons et rythmes’
Cette, ou plutôt ces méthodes, font appel aux fondamentaux de la musique: les sons et les rythmes sans lesquels la musique n’existe pas, avant la grammaire du solfège ou l’écriture de la musique. Elles sont à l’origine de beaucoup de musiques de monde, des plus anciennes aux plus modernes ou contemporaines et s’étendent sur les cinq continents… ou les six !
Ces méthodes appliquées chez Handimusic par Sonia Jaeger en Alsace (Mulhouse et environ) portent particulièrement leurs fruits dans deux situations très différentes:
1- L’éveil chez des enfants handicapés psycho-moteurs profonds, inaccessibles aux stimuli ‘habituels’ et placés en institution. La parole -ou la signification des mots et des phrases- semblent de pas les atteindre et semblent ne pas pouvoir produire en eux ce qu’elles produisent habituellement chez les enfants -ou les adultes-.
Ces enfants cependant peuvent percevoir et être sensibles au langage beaucoup plus universel de la musique. Pour tout langage, les fondamentaux doivent être perçus -et appris- d’abord (sons et rythmes simples), avant les constructions plus élaborées (morceaux plus ou moins simples ou complexes). Plus que le langage parlé, la musique peut éveiller les émotions qui mettront ces enfants en relation avec le monde qui les entoure et les personnes qui éveillent ces émotions sensorielles.
2- Les personnes âgées ou très âgées, dépendantes et qui petit à petit se replient sur elles-mêmes par diminution de contact sociaux ou de moyens d’interactions avec le monde environnant. Isolement, solitude, dépression insidieuse, troubles mnésiques, Alzheimer, et d’autres processus peuvent mener ces personnes à être prisonnières d’elles-même alors que les ‘portes’ et les ‘fenêtres’ cérébrales se ferment… et enferment les souvenirs et expériences de la vie passée. La musique ‘Sons et Rythmes’ permet de faire communiquer des personnes isolées dans leur fauteuil… et naïves de tout apprentissage de solfège.
La musique sous toute ces formes, chant y compris, est une très puissante libératrice des expériences et émotions enfermées: les aphasiques peuvent chanter et prononcer et comprendre les comptines apprises dans l’enfance, parce que les zones du cerveau atteintes dans une aphasie de Broca ne sont pas les mêmes que celles qui produisent la parole chantée. Les souvenirs associés aux émotions, et la musique est un vecteur très puissant d’émotions, peuvent resurgir alors qu’ils étaient ‘oubliés’.